Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
apocryphe
31 janvier 2007

L'homme qui tombe à pic

Il était là, au chaud dans sa couveuse, sous les lumières jaunes et rassurantes. Je l’observais, émue, la larme à l’œil. J’étais réellement sur le point de craquer.

Et tu es entré.

C’est à ce moment là que je l’ai tué. Tout s’est passé très vite. Strangulation. Certainement la meilleure méthode. Il n’a pas vraiment souffert. Il n’a pas lutté. Il était trop jeune pour comprendre ce qui lui arrivait.

Mon soulagement a été immédiat.

Tu es l’homme qui tombe à pic.

Aaah…L’amour… C’est bien de lui qu’on parle.

J’en ai bien vu frémir quelques-uns…

Revenons-en aux premières contractions, histoire de situer un peu.

Il faut absolument que je paraphrase ici la seconde pouliche de course, en la remerciant d’avoir constaté les premiers symptômes du mal.

A replacer dans le contexte d’une conversation un peu trop sérieuse, ça donnait plus ou moins ceci :

« …Ca se termine par des regards de crapaud mort d’amour. » 

Attends.

Il respire encore.

Voilà, c’est fini.

Nous y sommes. Je veux donc parler de l’amour dégoulinant, celui que l’on affuble parfois d’un grand A et qui suinte d’élans passionnels divers et variés. Celui ou je me prends pour Scarlett O’Hara. Ou Rose, courant jupons relevés vers Jack le roi du monde. Ou Bébé, dansant sensuellement dans les bras de Johnny Castel. Carrément. C’est exactement ça. Admirez le tableau. Vomissez si besoin, on nettoiera.

C’est ce que je venais de mettre au monde. Cupidon m’avait sournoisement engrossée. Enfant de salaud.

Obole des feuillus (la pouliche n°2) m’a donc tant bien que mal ouvert les yeux sur ce que je venais d’enfanter. Au départ, j’ai tout nié en bloc. Je ne voulais pas qu’elle s’affole.

Imagine un peu, la grosse panique.

De plus mon billet n’est pas remboursable. Je ne pouvais donc pas prendre le risque de dévoiler ma nouvelle identité, à savoir celle d’une blatte qui se roule avec allégresse dans ses sécrétions malodorantes, aveuglée par ce qu’elle pense être un bonheur naissant.

J’ai couvé, observé, ruminé, dénié. Je l’ai nourri quelques jours. Je l’ai tenu à bout de bras, en détournant le regard. Jusqu’à ton arrivée. Phocéenne des Calanques. Pouliche n°1. Sacrée belle robe. Un poil lisse et soyeux. Une queue taillée à la perfection. Mais je m’égare en flatteries douteuses.

Je pense réellement que tu as un don. Celui de me maintenir la tête hors de l’eau quand j’accroche des boulets en forme de cœur à mes pattes de bécasse.

Je dois te remercier. Ou plutôt vous remercier. Tu ne peux évidemment pas récolter tous les honneurs en m’ayant abandonné tout ce temps.

Néanmoins je te pardonne et je mettrai tout en œuvre pour que ma reconnaissance soit sans bornes et à la hauteur de tes espérances.

Avec les moyens du bord.

Le panel étant assez large.

J’ignore totalement quels sont tes critères de sélection mais il faudra sans doute faire fi de certaines tares génétiques. Je n’ai pas exactement la chevelure de Julia Roberts. Ou l’indice de masse corporelle de Kate Moss (Mes références sont terribles, je sais). J’ai fait le deuil de la perfection. Entre le bourbon et le ventre plat, il faut bien choisir.

Qu’importe, je compense.

Avoir la bouche pleine met véritablement en valeur mes yeux de bambi nippon. J’en ai achevé plus d’un comme ça. Un exemple parmi d’autres.

Mais gardons l’effet de surprise.

Mes propres exigences sont dérisoires.

Il faut prévoir un éventuel débourrage.

Il y a du monde dans le paddock…Les turfistes n’ont qu’à bien se tenir.

Le cadavre de l’amour embaume dangereusement la débauche.

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité