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apocryphe

27 novembre 2008

Et l'heure tourne

Un jour, il ne me restera plus que cette pathétique illusion du partage. D’absconses déclarations fleurissant à l’aveuglette sur le tapis blanc. Comme des milliers de petits cataplasmes obsolètes. Infecte quête cyclique. Tout l’alphabet revient crier son incompréhension sans relâche, pleurer toute sa rage sur mes dimanches solitaires.

Il sent bon l’introspection plaintive ce teasing. Attends, tu vas voir.

Endiguer le processus. Tentative 1327. Échec.

Même le chat semble éprouver de la compassion. Je peux lire ça dans son regard idiot. Et aussi –surtout me dirait-il- que c’est l’heure de sa pâtée. Béatitude, pourquoi donc es-tu partie comme une voleuse? Et l’heure tourne.

Dans ma tête, tout est intact. Ma tête, une obsidienne. (Ne cherche pas je voulais juste placer ce mot de manière congrue, parce que je l’aime bien, mais c’est un peu raté j’avoue.)

Avant tout ça… Dans mes orbites ça brûlait comme une forêt varoise en plein mois d'août et mon ravissement avait le débit d’Iguaçu. Avant… Faut vraiment arrêter avec cette putain de nostalgie. Ca pue le renfermé, on a pas pris l’air depuis si longtemps, des semaines, des mois. Deux corps arides devant les chroniques d’Henry-Jean Servat, vautrés dans l’intangible, ou le canapé Ikea si tu préfères. Chez nous, ça ne rigole pas, on leucotomise à l’emporte-pièce. On se pose des quintaux de questions existentielles. Est-ce que Samuel L. Jackson porte une moumoute dans Pulp Fiction ? Est-ce qu’on risque le choc anaphylactique en mangeant les croquettes de crevettes qui louent le premier étage du surgélateur depuis 6 mois ? Tu penses que Raymond et Roberto ont le même coiffeur ? Et l’heure tourne.

Avant tout ça… C’était le Carnaval de Rio tous les jours. La salle de bain sentait bon la chaussette humide (oui, celle-là même qui est sournoisement tombée derrière le sèche-linge, imagine les semaines d’angoisse accumulées par sa jumelle toute propre dans le tiroir) et la chambre ressemblait à une caravane de romanichelles.

Puis mes yeux secs contemplent les bocaux où j’ai tout rangé. Là, des petits bouts d’amour posent, momifiés à côté des journées exceptionnelles assoupies dans le formol. Des fioles d’élans passionnés. Il reste sûrement des poussières de sentimentalisme sous le canapé, mais j’avoue, je n’ai pas eu la force de vérifier. J’ai retrouvé un de tes cheveux dans ma brosse et je l’ai enroulé autour de mon doigt avant d’aller dormir. C’était le jour où j’ai failli me pétrifier en pensant que tu étais parti. Instinctivement j’ai vérifié si Michel était toujours dans la bibliothèque puis j’ai entendu la chasse d’eau et tout est rentré dans l’ordre. Je t’entends rire, comme j’aime te faire rire, comme j’existe dans ton rire. J’ai des relents d’ataraxie. Et l’heure tourne.

En réalité, ça n’est pas vraiment ça le problème. Le vrai problème, c’est quand on commence à compter les derniers euros (ou centimes d’euro quand c’est vraiment disette) au fond de son porte-monnaie (Vuitton, made in Istanbul) le 12 du mois, en se maudissant d’avoir acheté ces 2 jeans deux semaines plutôt (parce que trouver dans la même heure deux jeans qui ne font pas un vieux cul tout plat, ça n’arrive pas tous les jours).

Alors j’ai cherché une parade au débit de mon compte. Vous allez aimer, qu’ils disaient. J’ai rencontré Julien (qui ne s’appelle pas Julien mais préservons tout de même son anonymat.). Il ressemblait très fort à Jack Dawson, mais il bossait à l’usine et j’ai tout de suite su qu’on n’avait aucun avenir. Ensuite il y a eu Olivier, qui ne s’appelle pas non plus Olivier mais par égard pour sa femme et ses enfants, nous nous en tiendrons à ce pseudonyme. Puis Benjamin, qui m’a envoyé des sms qui ressemblaient puissamment aux dialogues de Nuits Blanches à Seattle pendant que je suis en train de suer sur les écrous de ma nouvelle étagère en kit. Frédéric, supporter de l’A.S Saint-Etienne, je l’ai laissé ciré le banc de touche (et ce n’est pas ce que tu crois) . Et enfin bomec75, qui s’appelait en réalité Gilbert, tu penses bien que j’ai même pas voulu qu’on soit juste amis.

Alors j’ai arrêté. Arrêté de penser que quelqu’un sera toujours là pour porter ma croix. Aussi parce qu’à la fin, j’ai une tête comme un compteur à gaz. Tous des Judas. Pas un seul Bill Gates (oui je sais ce que tu vas dire, mais je sais que toi aussi tu ferais bien abstraction de l’ingratitude de sa plastique), même pas un petit rentier.

J’évoque le sans toi, brièvement. J’imagine gambader hors de ce carcan souverain, exempt de tribut social. J’imagine la folie tentatrice tapie dans un coin de l’appartement, guettant la moindre brèche, m’insufflant d’immondes colères sous un rictus sadique.

Et j’imagine aussi rester assise par terre sans bouger. Jusqu’à ce que le frigo soit vide. En geignant comme un veau qui a perdu sa mère. Jusqu’à ce que Patrick Dempsey vienne me chercher. Ou que les voisins appellent la police.

Mais non. Esquissons encore un slow sur un vieil air de Dusty Springfield. Et patientons.

Vas-y, râle parce que j’ai par mégarde téléchargé Scarface en pakistanais. Comme ça je pourrai encore te maudire d’avoir ouvert trois bouteilles de Sprite en MEME TEMPS (+ la pénalité pour n’en avoir mis aucune au frigidaire.). Et non, on ne donne pas de thon en boîte à une plante carnivore, tu vas la tuer. Oui je sais, j’ai mangé tous les pepito et j’entend mon  gras du cul qui te dit d’aller te faire foutre. J’en profite pour te signaler qu’une pince a épiler n’est pas un tournevis de précision. Non, tu ne peux pas te curer les ongles avec non plus.

Et patientons.

Parce que tout ce que j’attends de toi, c’est que tu hérites de ce foutu million de dollars.

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10 avril 2008

Rolling dreams/No satisfaction

Je rêvais la félicité à chaque battement de paupière. Tic tac du sommeil déclic du réveil.
Ouvre les yeux. Je suis sur la route de Madison et tu es bien plus beau que ce brave Clint, ouvrant les bras sur l’étendue des possibles, et toutes ces décisions capitales qui viennent ronger nos têtes. Je me réveille au rayon conserves du Hard discount. Chéri, cassoulet ou choucroute ce soir?
C’est le schéma éternel ma pauv’ dame. L’inéluctable squelette qui te réchauffe le cœur avant de te glacer les os. La trame indémodable du tandem. La concordance des temps sous les carences grammaticales. Je t’aimais, je t’aime et après. Après la vie est un long film ennuyeux. Après nous, après ce je qui s’éteint et ce tu qui ne voit rien.

Je t’ai dit, » j’ai rêvé de lui » De lui et moi, de cette maison à l’âme morte et aux murs repeints. De l’aube d’une existence foutue d’avance. De 12m² de publicité mensongère pour couples en devenir, full options s’il vous plaît. Berline familiale, jardin potager, jack Russel obèse et landau tout terrain. Je m’arracherais la tête pour éviter les terrifiantes bavures nocturnes de l’indomptable inconscient. Franchement, c’est la pilule rouge que j’aurais avalé. Mais le réveil a sonné.

Rien…Ce n’est rien. Je lave ces vilaines fresques à grands coups de satisfaisantes futilités. J’attends les colis de bonheur envoyés par les ONG pour soigner mes petits maux occidentaux en regardant 22 malards sautillants courir sur la pelouse. Même que je peux te dire que, non, là, y’avait pas hors jeu. Parfois je conclus une alliance avec les Krogan, et ensemble on va dézinguer du Geth au fusil à pompe. Je sauve ma vie. Je sauve l’univers. Je saute l’univers. Je saute même du coq à l’âne.
 
Ça me surprend toujours, le fait de pouvoir te digérer entièrement, comme ça. Tes grincements de kaléidoscope lunatique, je les avale sans broncher. L’indélicatesse qui glisse comme une huître, et en dessert, le millefeuille de muflerie. Au fond de mon blindé, je serre les dents, les poings, les yeux. Je te serre. Je te sers. Fort. Beaucoup. Trop. Et j’aime ça. Beaucoup. Trop.

J’ai rêvé encore. Sous les pavés, il y avait encore une grosse couche de pavés.
Je jette un œil à l’arrière, je vois la montagne et je suis fière. Et je leur raconte à tous, comment j’ai niqué la colline. Comment j’ai mis toute mon énergie à cramer ces images d’Épinal. Je manquais d’oxygène voyez-vous, vous m’accusiez de vos regards noirs, on m’alimentait avec des machines et le docteur Green s’apprêtait à vous annoncer ma mort clinique et puis….Le réveil a sonné, encore.


Trop… et me voila gourde à t’abreuver de mes sempiternels doutes, de mon amour anthropophage, du désir vorace. J’ai tellement appris à me calquer sur ton pas que je ne peux plus marcher seule. J’ai tant convoité ce nous que le reste autour a perdu tout intérêt. Tout ce pathos, finalement, je préfère en rire, puisque je ne peux m’en défaire. Je suis une quille brûlée à l’intérieur, mais j’ai gardé les joues de l’enfance, et en façade le sourire collé. J’encule les mouches en toute légèreté. Ça je sais bien faire. Gratter les os, fouiller les viscères.

Et je sais bien. Sans imagination, l’amour n’a aucune chance*

J’ai fait un rêve. On était trois. Ça manque de place dans notre maison de poussière. La pointe du triangle écrasée comme un hamster nain entre nos grosses brutes d’ego, on finissait par l’oublier. Jusqu’à ce qu’elle se taise enfin.

Les viscères… Aujourd’hui j’ai mal. Un peu partout et un peu nulle part. Ca fait comme tout Disneyland dans mon estomac. It’s a small world enrobé du grand huit. Je trépigne, j’attends. Je compte les jours. Je cherche des ailleurs inexistants. Je déteste les retards. Je méprise tous les retards. Je ne suis jamais en retard.

Les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant.**

Cette nuit, j’ai rêvé que je pissais sur un bâtonnet.

*Romain Gary
**Romain Gary aussi

 

2 novembre 2007

Encore un soir où j’ai trop pensé, et comme

Encore un soir où j’ai trop pensé, et comme d’habitude ça c’est fini dans un bain de morve. A croire que j’aime ça, l’eau brûlante qui roule et qui s’écrase sur les draps. J’ai fait ça en silence, tu sais, j’allais pas renifler comme une truie pour que tu viennes me consoler. Ou mieux, que tu viennes me dire que tout ça allait changer. J’avais juste besoin d’évacuer la fatalité. Je ne pleure pas que le manque de toi, je pleure aussi le manque de sens. Je pleure l’ennui qui me serre la gorge. 

Je peux l’endormir parfois. En vérité il dort d’un œil, prêt à bondir au moindre instant d’inattention.
Je peux me réjouir de mes ambitions ridicules. Mais ça ne marche pas à tous les coups.
Sans toi ou avec toi, avec ta seule présence qui me satisfait les jours fastes. 
Et moi face à moi, enveloppe fade, intérieur vivotant entre les vagues de déprime.

Peut être parce que c’est bientôt Noël. Qu’on échangera pas de cadeaux. Et qu’on achètera pas de sapin. De toute façon, avec un chat épileptique, c’est déconseillé.

26 octobre 2007

Duplicata

Je dangereux

Frôler les contours

Assiéger les tours

De mon double je

Autour


Fuir les reflets

Marquer de mon sceau

Les sombres échos

de l’autre moi

Détour


Réverbération réciproque

Des regards équivoques

En résonance du magnétisme


D’égal à égo

Les dégâts

Réverbèrent

La lumière

Me renvoie

Mon duplicata

 

8 octobre 2007

Si je cultive tant l’intimiste c’est parce qu’il

Si je cultive tant l’intimiste c’est parce qu’il n’y a que ça qui pousse correctement.

Je te dirai merde, et si t’es pas content, c’est pareil.

Refrain immuable, on connaît la chanson. Je m’en fous, je peux me déchirer les cordes encore longtemps. C’est quand même moins chiant que n’importe quelle chanson de Delerm.

Je tourne en système fermé je m’illusionne sans cesse, accrochée à nous comme un arapède à l’étoc.

L’important, c’est que ça brille ? Alors j’astique les meubles, le sol, à quatre pattes, et gratte, gratte, pour ne pas penser, sentir mes lèvres se tordre et ma vue qui se brouille.

 

Le désir ne m’a jamais quitté. Mais l’objet change. Tout le temps. Facétieux. Désir mutant, jamais content. Si c’était pas le cas, finalement, on se ferait chier, non ?

 

J’ai peur de l’amour trop grand. J’ai mal du pas d’amour du tout. Entre les deux, je m’accommode. Tirer profit des instants suspendus et si pleins de sens, empocher le bénéfice du doute. J’apprends le dépit, aussi. De ma méfiance, j’ai un peu honte. Terrée en moi depuis la genèse, elle m’explose viscéralement à la gueule.

 

Puis, il y a tous ces jours de seconde zone, quand je me transforme en femme substitut. Quand au-dessus de moi, il y a tellement mieux. Quand mes rêves perchés sur mon ego font des chutes mortelles.

 

Je te regarde penser, écrire, surjouer et survivre, et je procrastine toujours. Le non dit, je le laisse ici. Parce que dire, je sais pas toujours faire.

Est-ce que tu penses souvent à elle ?

 J’en crève d’impuissance, mon amour.

Mais c’est mieux que de crever tout court.

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17 septembre 2007

L'abandon

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7 septembre 2007

Je marche

On a pas besoin d’or autour de nos doigts. Pas de je vous déclare, on se déclare sur 26 touches noires. Ou pas. Comme on dit, on fait un bout de chemin. On the road enfin. (Ou bien es-tu le chemin ?)Clair comme un tracé d’autoroute. Pas de faussetés déguisées en allégories, et je te dis mon amour comme jamais. Le passé avait le goût d’agar-agar, et je m’en contentais. Désillusion et des hommes. Mannequin de papier dans la cuisine hyper équipée. Et moi planquée sous l’épaisse couche d’ennui. Engluée dans la dépendance. Des fautes de goût et des fautes de mieux.

Ils pourraient tous le dire, on ne veut plus te voir, ici, ou là, ou ailleurs, ou jamais d’ailleurs, ça ne changera pas la donne, ils ne m’ont jamais vue, vraiment. Ferrée dans le nombril des limbes, toute petite au fond de mon enveloppe si laide, si déformée. Pétrifiée par la secte des messagers de la dernière lutte. Sauvegardons les apparences, ma fille si tu dois y laisser ta vie, peu importe.

Je t’en prie ne nous fais pas honte.

Ta vie. Celle qui hurle sous la peau, pas celle qu’on t’impose au cordon coupé, au premier mucus expectoré.

(Puissent les ancêtres manichéens saisir la nuance)

Parfois le cordon est d’acier.
ERROR_ERROR_ERROR. PLEASE REBOOT MIND.
SYSTEM fêlure.

J’ai crié sortez-moi de là et tu as entendu. J’ai cassé la coquille. Mort aux Oies. J’ai vu les spasmes, leurs faciès tragiques de morts noyés. Les mains déliées du condamné et hop ! Juliette a sauté par-dessus le parapet. Assurément, Roméo chantait faux.

Tu aurais pu te casser une jambe!

T’inquiète, j’ai viré les pantoufles de verre made in Disney, j’avais trop mal aux pieds.

Et maintenant.
Des secrets et des îles du Pacifique.
Des chiffres, puis des lettres aussi.
Des matchs de foot, de la corruption, des gênes mutants.
Des jolis noms d’oiseaux susurrés.
Des cascades félines, des militants PETA et la police scientifique.
Des gens autour, parce que c’est comme ça.

Et tes mains, là, sur mon cou.
Nos douces inutilités combinées.
Et les stigmates, là sur les ventricules.
Qui disparaissent.

Je marche.
Avec toi, à côté.

Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé.

6 août 2007

Et tu vois, j'ai écrit.

Des mauvaises impressions qui ne me quittent pas, le destin s’harnache. À mes bras, mes jambes, m’immobilise. Une chose informe et floue, un brouillon brouillard de moi voguant entre le canapé et le bureau, entre le lit et la machine à café.

T’as bien dormi ?

Torpeur, moiteur, chairs offertes, coincer ton regard et te sentir dans mon ventre. La seule façon de me sentir ETRE. Du chaud sur ma peau pour oublier la moelle glacée. La sève dans les anévrismes. Malade de désir ou désir malade, fluctuant. ‘Il faut opérer,madame’, chirurgicale saillie. Tout ça c’est dans la tête. C’est ce qu’on dit toujours. Tu baises, tu recommences parfois, puis tu dors. La feinte était presque parfaite.

Y’a quoi ce soir à la télé ?

On peut pas passer notre vie à ça mais à quoi d’autre ? Chaque jour en copié collé du précédent, soirées mimétiques aux variations dérisoires, au gré du programmations hertziennes. Félins en cage anesthésiés, service prévention des morsures. J’enferme le maintenant pour que l’après ne s’enfuie pas. Je cadenasse les instants doux dans le silence sourd du factice ventre maternel. Pour me détourner du VRAI.

T’as faim ?

Le temps hémophile nous glisse encore entre les doigts. On le passe à le perdre. Comme l’ontogenèse de nous. Comme le souvenir de nos bouches impatientes. Comme le doux calvaire de l’éloignement, la frénésie du revoir, la saveur de l’interdit.

L’injection de réminiscence, ça ne fonctionne plus, à force de.

Est-ce que tu passes à côté de ta vie ou est-ce ta vie, la rêvée, qui passe à côté de toi ? Seconde option, choisir l’impuissance tragique pour éviter les tortures insomniaques.

Il reste des œufs ?

L’impression que tes sentiments, c’est du carton-pâte, pour mon cœur en papier kraft, elle est là, tapie dans l’ombre de tes sourires, derrière le décor du corps que je serre pour ne pas me diluer. Tes doutes me tirent des larmes brûlantes qui mouillent silencieusement les draps. Pour noyer le masque déformé et faire bonne figure. Cacher le Rimmel dégoulinant et ma peur panique de la perte.

Pourquoi tu restes ?

Il y a d’autres femmes dans tes mots. Il n’y a que toi dans les miens, toujours. La fiction, je connais pas. Avec toi j’apprends la jalousie, la haine des filles de papier tellement tangibles que je pourrais les tuer si elles prennent trop de place. CTRL ALT DEL. Tu peux en sourire, et tempérer, mon angoisse, elle ne dort jamais. Elle sent quand tu es là sans vraiment l’être.

Je suis bien avec toi.

Je crois toujours fort que tu as pigé ma faille, le grand canyon encéphalique. Il faut juste que tu te penches un peu plus. Sur mon versant extatique. Celui qui croit sans pudeur, qui ose prononcer le mot. L’amour, le viscéral, l’insondable, pas l’autopsié, le désincarné par les sociologues et leurs rapports divergents.

Parfois l’espoir me lâche un peu. Quand spontanément tu me dis des choses qui au lieu de me combler m’écorchent. Quand parfois ton étreinte me laisse le cœur à plat. Quand tu réfléchis. Trop. Alors je repense au ‘pas amoureux’ largué comme une bombe au napalm sur ma terre promise. Le jour ou t’as tué tous les papillons dans mon ventre. Je voudrais que tu m’admires, que tu sois fier de moi tout le temps, mais en réalité tu sais sûrement que je veux plus que ça.

Il faut qu’il se passe quelque chose.

L’indéfinissable est un supplice. Il me fige, me vole ma boussole. Pas de point de départ à l’horizon, encore moins de ligne d’arrivée. Alors je déploie mes tentacules pour te garder encore. Le mécanisme de défense du poulpe, j’ai pas trouvé mieux.

Mais quoi ?

Mes yeux encore humides, je cherchais une direction à prendre. Je devais me ressaisir, mais avant tout nourrir le chat qui me hurlait que son estomac était vide. J’ai regardé l’heure et je suis partie au bureau.

Et tu vois, j’ai écrit.

19 juillet 2007

On brûle bien les sorcières

C’est en lisant ses derniers mots que j’ai senti les larmes prêtes à dégringoler de mes globes oculaires. La Freynelle ouais. A déguster avec les coquilles saint Jacques, première entrée. J’ai délibérément stocké à la cave les vestiges viticoles de mon union ratée avec un homosexuel refoulé, pensant que ça pourrait décourager mon amoureux (depuis qu’une adorable webmastrice a utilisé ce terme un peu trop connoté bisounours à mon goût, je ne peux plus m’en passer. Un sceau d’appartenance niais et romantique en quelque sorte) d’écouler le stock en moins d’une semaine. J’avais tort, mais la déception de m’être trompée est finalement aussi minime que fugace. La Freynelle donc. La bouteille à moitié vide –je suis une pessimiste convaincue- trône nonchalamment sur la table (je songe sérieusement à établir un plan d’accès détaillé au frigo, les hommes se perdent parfois si vite dans 50m²). Je décide de m’en servir un verre (un de ses verres Woodstock Snoopy, parce qu’il n’y a pas que les fido fido, il faut le savoir, ouais, c’est un détail qui a son importance).
Nouveau document Word.
Ca faisait longtemps hein. Comme si tout le monde s’en préoccupait. J’aime moi aussi végéter dans mes illusions mégalomaniaques, voyez-vous. Quoi que, quelques admirateurs de mon fabuleux style littéraire s’en sont bien aperçus : je n’écris plus. Ouais. Je ne m’en suis pas tellement inquiétée au départ, j’avais bien d’autres choses à faire. J’étais trop occupée à vivre pour pouvoir écrire. Et puis, qu’est-ce que j’aurais bien pu coucher sur le clavier ? J’écrivais le manque, le manque de lui, le manque de vie, la vie ratée (pardon, c’est un peu mélodramatique, mais je viens de regarder un vieil épisode de Dawson, ça m’a légèrement conditionnée). Dans le creux de la vague, je m’y suis remise, de manière moyennement spontanée. Je bloquais au bout de 200 mots, je relisais ma nullité, mon manque d’entrain, mon style forcé et je fichais tout ça à la corbeille. Peut être que ça sera pareil pour celui-ci, mais pour le savoir, il faut continuer. Mais si vous lisez en ce moment, sachez que j’ai dépassé les 300 mots à l’instant, et que ça me satisfait déjà amplement.

Finalement, j’ai peut être des choses à dire. Quand les larmes sont au front, les mots sont juste derrière, pour paraphraser mon défunt grand-père.

Je regardais donc un épisode de Dawson quand j’ai senti mon cœur me remonter dans la gorge. Je me rappelle que lors de la première diffusion télévisée, mes activités quotidiennes s’organisaient généralement autour de l’horaire de la série (que celui qui n’a jamais vu ne serait-ce que 5 minutes de ce feuilleton culte me flagelle avec un tube cathodique). Je vais vous dire, ça a mal vieilli. Et ce ne sont pas les premiers émois sexuels de jeunes adolescents qui me font piquer les yeux, ne nous leurrons pas.

C’est tout autre chose. Et beaucoup de choses.

J’ai toujours été attirée par les mauvais garçons. Ceux dont le qualificatif n’a de sens que pour ceux qui les méprisent, évidemment. J’ai épousé le fils spirituel de Gandhi et de mère Theresa. Mauvaise pioche. Femme de. Monsieur mon mari. Mon cher et tendre époux.
Ca fait 7 ans que j’ai 20 ans, alors vous savez, j’ai toujours un peu de mal à m’y faire.
Ex femme de. Monsieur mon ex-mari. Mon ex cher et tendre époux.
Ca sonne toujours aussi mal, mais c’est déjà plus supportable.

Condamnation, lourde peine.
Seconde chance. Hé, toi, là bas, le mauvais garçon, serais-tu tenté par une cohabitation illégale et son lot de réjouissances sexuelles et hallucinatoires? (je synthétise le déroulement, histoire que ça ne ressemble pas au script des 12000 épisodes des feux de l’amour –faites comme moi, exposez sans honte vos références culturelles-)
Jugement, condamnation. Rien ne les intéresse, je fais de grands signes, je m’agite, je me révolte, je crie, je pleure, mais leurs œillères sont bien en place. Ils attendent juste le moment où ils pourront me dire en savourant leur victoire « on t’avait prévenu ».

Des personnes soit disant bien intentionnées m’ont gentiment prévenu dès le départ, à l’aube de nos premiers échanges scripturaux. Attention, il est mauvais, manipulateur, blablabla fais gaffe. Ouais. En bonne rebelle de base, j’ai tendance à enfoncer les portes estampillées « entrée interdite ».

A l’heure qu’il est, je peux faire un pied de nez, ou plutôt, je préfère enculer profondément ces personnes qui ont cru bon me faire part de leurs conseils qu’ils pensaient si judicieux. Non pas qu’en grattant la croûte, j’ai découvert un jeune homme charmant, bien sous tous rapports et prêt à assouvir mes moindres désirs qui soient d’ordre autre que sexuels. Mais je n’ai jamais eu besoin de l’opinion d’autrui pour juger et déterminer si cet énergumène allait détruire ou magnifier mon existence. En le jugeant malsain, ils m’ont jugée inapte à m’en satisfaire. Ces gens méritent donc à présent tout mon inintérêt.

La Freynelle. A déguster en tapotant sur le clavier. Bon accompagnement. On la sent bien là, l’influence de l’écrivain qui ronfle actuellement sur le king size. Il n’y a pas mieux comme mentor, tous les bons auteurs étaient déjà pris, je me suis accaparée le dernier disponible sur le marché. Je vous conseille d’ailleurs, si ce n’est fait, de lire son dernier texte, sans quoi certains détails de ma prose vous paraitront plus qu’obscurs. Vive la propagande. Pardonnez moi, je divague un peu, c’est mon quatrième verre. En espérant que le blanc soit indulgent avec mon intestin grêle.

C’est assez facile de se foutre de l’opinion de vagues connaissances. Ca l’est beaucoup moins quand il s’agit des proches. C’est encore pire quand vous partagez leur ADN.

Je n’ai même pas tenté de faire les présentations. A peine remis de l’annonce au napalm de mon divorce imminent, mes géniteurs se sont très vite inquiétés du statut social et de la situation financière de mon nouvel amoureux.

Ils en ont déduit que je cohabitais avec un parasite. Ce jugement rapide me déçoit grandement, tout d’abord pour ce qualificatif, qui a le goût d’une madeleine de Proust avariée ayant tendance à provoquer de virulentes poussées d’eczéma, ensuite, parce qu’il est tout à fait erroné.

Pour eux, le reste n’a pas d’importance. Jusque là, j’ai lutté, j’ai bossé ma plaidoirie, j’ai tenté d’anéantir leur procès en béton. J’ai été condamnée. Je suis l’hôte d’un parasite. Dans leurs yeux. Dans ce qu’ils me renvoient. Et ça m’attriste profondément.

Alors mes chers parents, avant de craquer l’allumette, ouvrez les yeux. Les richesses prennent souvent d’autres formes que les billets verts.

2 avril 2007

Je pars

C’est la vie des autres. Voyeurisme hypocrite.

L’intérêt que tu nous portes ne m’émeut pas. Je n’en retire rien. Je serai toujours là, muette, mais bien présente.

L’échange ne me manquera pas. Tu verras que je crois toujours aux rêves qui se confondent. Même quand les jours deviendront moins denses, même quand la pluie trouera ma peau sous la canicule. Toujours pareil. Incapable d’élargir mon horizon, je ne pourrai jamais aller plus loin. Mais je continue à croire. Le parcours s’arrête là. Mais je continue à croire. C’est de sa faute et c’est grâce à lui, ça en valait la peine. Et toi et tes phrases toutes faites, tes mises en garde ridicules, tes broutilles élevées au rang de guerre nucléaire et ton pathétisme écœurant, je vous emmerde.

Tu n’as rien compris évidemment, mais ça ne m’étonne pas. Et toute l’empathie du monde n’y changera rien. Tu n’es pas à ma place, tu n’es pas dans ma tête. Tu montres du doigt des carapaces que tu imagines monstrueuses. Tu peux penser que c’est de la colère, ou de la tristesse, ou de la haine, ou de la rancune, tu peux penser ce que tu veux. A nouveau, tu n’as pas saisi l’enjeu. Alors je te regarderai t’étouffer avec tes mots sucrés. Et un jour tout sera fini.

Je pars. Et je continue à croire.

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