Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
apocryphe
6 août 2007

Et tu vois, j'ai écrit.

Des mauvaises impressions qui ne me quittent pas, le destin s’harnache. À mes bras, mes jambes, m’immobilise. Une chose informe et floue, un brouillon brouillard de moi voguant entre le canapé et le bureau, entre le lit et la machine à café.

T’as bien dormi ?

Torpeur, moiteur, chairs offertes, coincer ton regard et te sentir dans mon ventre. La seule façon de me sentir ETRE. Du chaud sur ma peau pour oublier la moelle glacée. La sève dans les anévrismes. Malade de désir ou désir malade, fluctuant. ‘Il faut opérer,madame’, chirurgicale saillie. Tout ça c’est dans la tête. C’est ce qu’on dit toujours. Tu baises, tu recommences parfois, puis tu dors. La feinte était presque parfaite.

Y’a quoi ce soir à la télé ?

On peut pas passer notre vie à ça mais à quoi d’autre ? Chaque jour en copié collé du précédent, soirées mimétiques aux variations dérisoires, au gré du programmations hertziennes. Félins en cage anesthésiés, service prévention des morsures. J’enferme le maintenant pour que l’après ne s’enfuie pas. Je cadenasse les instants doux dans le silence sourd du factice ventre maternel. Pour me détourner du VRAI.

T’as faim ?

Le temps hémophile nous glisse encore entre les doigts. On le passe à le perdre. Comme l’ontogenèse de nous. Comme le souvenir de nos bouches impatientes. Comme le doux calvaire de l’éloignement, la frénésie du revoir, la saveur de l’interdit.

L’injection de réminiscence, ça ne fonctionne plus, à force de.

Est-ce que tu passes à côté de ta vie ou est-ce ta vie, la rêvée, qui passe à côté de toi ? Seconde option, choisir l’impuissance tragique pour éviter les tortures insomniaques.

Il reste des œufs ?

L’impression que tes sentiments, c’est du carton-pâte, pour mon cœur en papier kraft, elle est là, tapie dans l’ombre de tes sourires, derrière le décor du corps que je serre pour ne pas me diluer. Tes doutes me tirent des larmes brûlantes qui mouillent silencieusement les draps. Pour noyer le masque déformé et faire bonne figure. Cacher le Rimmel dégoulinant et ma peur panique de la perte.

Pourquoi tu restes ?

Il y a d’autres femmes dans tes mots. Il n’y a que toi dans les miens, toujours. La fiction, je connais pas. Avec toi j’apprends la jalousie, la haine des filles de papier tellement tangibles que je pourrais les tuer si elles prennent trop de place. CTRL ALT DEL. Tu peux en sourire, et tempérer, mon angoisse, elle ne dort jamais. Elle sent quand tu es là sans vraiment l’être.

Je suis bien avec toi.

Je crois toujours fort que tu as pigé ma faille, le grand canyon encéphalique. Il faut juste que tu te penches un peu plus. Sur mon versant extatique. Celui qui croit sans pudeur, qui ose prononcer le mot. L’amour, le viscéral, l’insondable, pas l’autopsié, le désincarné par les sociologues et leurs rapports divergents.

Parfois l’espoir me lâche un peu. Quand spontanément tu me dis des choses qui au lieu de me combler m’écorchent. Quand parfois ton étreinte me laisse le cœur à plat. Quand tu réfléchis. Trop. Alors je repense au ‘pas amoureux’ largué comme une bombe au napalm sur ma terre promise. Le jour ou t’as tué tous les papillons dans mon ventre. Je voudrais que tu m’admires, que tu sois fier de moi tout le temps, mais en réalité tu sais sûrement que je veux plus que ça.

Il faut qu’il se passe quelque chose.

L’indéfinissable est un supplice. Il me fige, me vole ma boussole. Pas de point de départ à l’horizon, encore moins de ligne d’arrivée. Alors je déploie mes tentacules pour te garder encore. Le mécanisme de défense du poulpe, j’ai pas trouvé mieux.

Mais quoi ?

Mes yeux encore humides, je cherchais une direction à prendre. Je devais me ressaisir, mais avant tout nourrir le chat qui me hurlait que son estomac était vide. J’ai regardé l’heure et je suis partie au bureau.

Et tu vois, j’ai écrit.

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité