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apocryphe
19 juillet 2007

On brûle bien les sorcières

C’est en lisant ses derniers mots que j’ai senti les larmes prêtes à dégringoler de mes globes oculaires. La Freynelle ouais. A déguster avec les coquilles saint Jacques, première entrée. J’ai délibérément stocké à la cave les vestiges viticoles de mon union ratée avec un homosexuel refoulé, pensant que ça pourrait décourager mon amoureux (depuis qu’une adorable webmastrice a utilisé ce terme un peu trop connoté bisounours à mon goût, je ne peux plus m’en passer. Un sceau d’appartenance niais et romantique en quelque sorte) d’écouler le stock en moins d’une semaine. J’avais tort, mais la déception de m’être trompée est finalement aussi minime que fugace. La Freynelle donc. La bouteille à moitié vide –je suis une pessimiste convaincue- trône nonchalamment sur la table (je songe sérieusement à établir un plan d’accès détaillé au frigo, les hommes se perdent parfois si vite dans 50m²). Je décide de m’en servir un verre (un de ses verres Woodstock Snoopy, parce qu’il n’y a pas que les fido fido, il faut le savoir, ouais, c’est un détail qui a son importance).
Nouveau document Word.
Ca faisait longtemps hein. Comme si tout le monde s’en préoccupait. J’aime moi aussi végéter dans mes illusions mégalomaniaques, voyez-vous. Quoi que, quelques admirateurs de mon fabuleux style littéraire s’en sont bien aperçus : je n’écris plus. Ouais. Je ne m’en suis pas tellement inquiétée au départ, j’avais bien d’autres choses à faire. J’étais trop occupée à vivre pour pouvoir écrire. Et puis, qu’est-ce que j’aurais bien pu coucher sur le clavier ? J’écrivais le manque, le manque de lui, le manque de vie, la vie ratée (pardon, c’est un peu mélodramatique, mais je viens de regarder un vieil épisode de Dawson, ça m’a légèrement conditionnée). Dans le creux de la vague, je m’y suis remise, de manière moyennement spontanée. Je bloquais au bout de 200 mots, je relisais ma nullité, mon manque d’entrain, mon style forcé et je fichais tout ça à la corbeille. Peut être que ça sera pareil pour celui-ci, mais pour le savoir, il faut continuer. Mais si vous lisez en ce moment, sachez que j’ai dépassé les 300 mots à l’instant, et que ça me satisfait déjà amplement.

Finalement, j’ai peut être des choses à dire. Quand les larmes sont au front, les mots sont juste derrière, pour paraphraser mon défunt grand-père.

Je regardais donc un épisode de Dawson quand j’ai senti mon cœur me remonter dans la gorge. Je me rappelle que lors de la première diffusion télévisée, mes activités quotidiennes s’organisaient généralement autour de l’horaire de la série (que celui qui n’a jamais vu ne serait-ce que 5 minutes de ce feuilleton culte me flagelle avec un tube cathodique). Je vais vous dire, ça a mal vieilli. Et ce ne sont pas les premiers émois sexuels de jeunes adolescents qui me font piquer les yeux, ne nous leurrons pas.

C’est tout autre chose. Et beaucoup de choses.

J’ai toujours été attirée par les mauvais garçons. Ceux dont le qualificatif n’a de sens que pour ceux qui les méprisent, évidemment. J’ai épousé le fils spirituel de Gandhi et de mère Theresa. Mauvaise pioche. Femme de. Monsieur mon mari. Mon cher et tendre époux.
Ca fait 7 ans que j’ai 20 ans, alors vous savez, j’ai toujours un peu de mal à m’y faire.
Ex femme de. Monsieur mon ex-mari. Mon ex cher et tendre époux.
Ca sonne toujours aussi mal, mais c’est déjà plus supportable.

Condamnation, lourde peine.
Seconde chance. Hé, toi, là bas, le mauvais garçon, serais-tu tenté par une cohabitation illégale et son lot de réjouissances sexuelles et hallucinatoires? (je synthétise le déroulement, histoire que ça ne ressemble pas au script des 12000 épisodes des feux de l’amour –faites comme moi, exposez sans honte vos références culturelles-)
Jugement, condamnation. Rien ne les intéresse, je fais de grands signes, je m’agite, je me révolte, je crie, je pleure, mais leurs œillères sont bien en place. Ils attendent juste le moment où ils pourront me dire en savourant leur victoire « on t’avait prévenu ».

Des personnes soit disant bien intentionnées m’ont gentiment prévenu dès le départ, à l’aube de nos premiers échanges scripturaux. Attention, il est mauvais, manipulateur, blablabla fais gaffe. Ouais. En bonne rebelle de base, j’ai tendance à enfoncer les portes estampillées « entrée interdite ».

A l’heure qu’il est, je peux faire un pied de nez, ou plutôt, je préfère enculer profondément ces personnes qui ont cru bon me faire part de leurs conseils qu’ils pensaient si judicieux. Non pas qu’en grattant la croûte, j’ai découvert un jeune homme charmant, bien sous tous rapports et prêt à assouvir mes moindres désirs qui soient d’ordre autre que sexuels. Mais je n’ai jamais eu besoin de l’opinion d’autrui pour juger et déterminer si cet énergumène allait détruire ou magnifier mon existence. En le jugeant malsain, ils m’ont jugée inapte à m’en satisfaire. Ces gens méritent donc à présent tout mon inintérêt.

La Freynelle. A déguster en tapotant sur le clavier. Bon accompagnement. On la sent bien là, l’influence de l’écrivain qui ronfle actuellement sur le king size. Il n’y a pas mieux comme mentor, tous les bons auteurs étaient déjà pris, je me suis accaparée le dernier disponible sur le marché. Je vous conseille d’ailleurs, si ce n’est fait, de lire son dernier texte, sans quoi certains détails de ma prose vous paraitront plus qu’obscurs. Vive la propagande. Pardonnez moi, je divague un peu, c’est mon quatrième verre. En espérant que le blanc soit indulgent avec mon intestin grêle.

C’est assez facile de se foutre de l’opinion de vagues connaissances. Ca l’est beaucoup moins quand il s’agit des proches. C’est encore pire quand vous partagez leur ADN.

Je n’ai même pas tenté de faire les présentations. A peine remis de l’annonce au napalm de mon divorce imminent, mes géniteurs se sont très vite inquiétés du statut social et de la situation financière de mon nouvel amoureux.

Ils en ont déduit que je cohabitais avec un parasite. Ce jugement rapide me déçoit grandement, tout d’abord pour ce qualificatif, qui a le goût d’une madeleine de Proust avariée ayant tendance à provoquer de virulentes poussées d’eczéma, ensuite, parce qu’il est tout à fait erroné.

Pour eux, le reste n’a pas d’importance. Jusque là, j’ai lutté, j’ai bossé ma plaidoirie, j’ai tenté d’anéantir leur procès en béton. J’ai été condamnée. Je suis l’hôte d’un parasite. Dans leurs yeux. Dans ce qu’ils me renvoient. Et ça m’attriste profondément.

Alors mes chers parents, avant de craquer l’allumette, ouvrez les yeux. Les richesses prennent souvent d’autres formes que les billets verts.

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